Depuis des millénaires et ce, dans toutes les grandes civilisations, le pavillon de l’oreille est utilisé dans un but thérapeutique.
Les Egyptiens utilisaient l'oreille pour soigner certaines douleurs. Les Egyptiennes, quant à elles, employaient la puncture de l'oreille comme moyen contraceptif.
Dans le Nei King (premier livre d'Acupuncture), on parle déjà du rôle théorique et pratique des oreilles: il est même mentionné que "les vaisseaux dans l'espace de l'oreille régularisent les douleurs".
Dans le Sou Wen (qui fait partie du Nei king), on note: "en cas de coma.., prendre des tubes et souffler dans les oreilles".
Hippocrate, après un séjour de quatre années en Egypte, a parlé d'incisions des veines rétro-auriculaires et de saignées pour certains traitements de l'impuissance et de la frigidité. Il signale que "ceux qui ont subi des incisions à côté des oreilles usent, il est vrai, du coït et éjaculent, mais leur éjaculation est peu abondante, inactive et inféconde".
Le Docteur Sun Gzu Miao proposait de cautériser la zone du conduit auditif externe, pour le traitement de la jaunisse.
Le Docteur Yang-Ki-Tchéon écrit dans son "traité de l'Acupuncture et du moxa": "cautériser le point du sommet de l'oreille pour guérir la kératose".
Vers l’an 1000, Abucassis, chirurgien et médecin arabe renommé, propose la cautérisation dans de nombreuses indications.
Avicenne recommandait l’incision des veines rétro-auriculaires dans « les maladies de la tête »
XIIIe siècle.
Les turcs employaient un appareil assez curieux pour brûler les points d'oreille.
XVe siècle.
Le célèbre peintre hollandais,
Jérôme Bosch nous a laissé au musée du Prado à Madrid, un fameux tableau appelé "le jardin des délices" peint en 1480. L'étude de ce tableau nous montre l'utilisation de techniques d'Auriculothérapie.
XVIe siècle.
En 1637, un médecin Portugais, Zacutus Lusitanus reprend les écrits d'Hippocrate et décrit l'utilité des cautérisations de la peau à la partie arrière des oreilles par un sarment de vigne enflammé dans le traitement de la névralgie sciatique et pour les douleurs de la hanche. Il en constate un avantage certain. Ce type de soins était en grand usage chez les Persans tant pour la sciatique que pour toutes les maladies provenant de fluxions venues de la tête.
D'autre part, lors de ce même siècle, Lazare Rivière conseille d'appliquer derrière le conduit auditif externe un tampon imbibé d'huile d'amandes pour guérir les rages de dents.
En 1717, Valsalva (Bologne) décrit en latin un point pour lutter contre les rages de dents.
XIXe siècle.
En 1810, le Docteur Ignaz Colla (Parme) rapporte l'histoire très curieuse d'un homme piqué par une abeille au niveau de l'anthélix, il était resté un certain temps dans l'impossibilité de marcher. Ce médecin relate aussi, dans la même publication médico-chirurgicale un traitement par l'oreille contre les sciatalgies.
En 1850, le Docteur Rülker De Cincinnati rapporte un bon résultat de la cautérisation de l'hélix dans la sciatique. Cette même année, le Docteur Luciani (Bastia) a signalé que les maréchaux-ferrants en Corse cautérisaient la racine de l’hélix pour lutter contre la douleur de la sciatique. A la même époque, le Professeur Malgaigne, à l'hôpital Saint-Louis parle de nombreuses observations de sciatiques soulagées par la cautérisation auriculaire. Aucune explication scientifique n'étant avancée, il en resta là.
En 1852, Giambattista Borelli, chirurgien à Turin, propose trois lieux de cautérisations sur l’hélix dans la névralgie sciatique. Il estimait que la cautérisation auriculaire était aussi indiquée dans les douleurs de même type.
En 1855, Duchenne de Boulogne, plus incohérent, déniait toute action des points d'oreille dans la sciatique humaine, mais reconnaissait la correspondance auriculaire chez le chien. De plus, il a mené une polémique, étayée par le fait que le lieu de traitement de la névralgie sciatique n’était pas toujours le même (hélix, anthélix ou tragus).
Dans diverses régions et à diverses époques, on perçait les oreilles des petites filles à la naissance afin qu'elles aient une meilleure vue. D'autre part, en Angleterre, lors des accouchements, où, dès que l'enfant est né, surtout s'il s'agissait d'une petite fille, la sage-femme lui perçait l'oreille au centre du lobule, pour qu'elle ait de jolis yeux, selon la tradition. De même, les pirates portaient une boucle d'oreille du même côté que l'œil directeur afin d'apercevoir le plus rapidement possible d'éventuels bateaux ennemis.
Depuis 1850, suite aux publications du Docteur Colla, de nombreux médecins et guérisseurs ont traité des sciatalgies en cautérisant le pavillon de l'oreille, ceci sans explication scientifique.
Le neurologue Angels Nardini (1886-1952) a traité pendant longtemps la sciatique par des cautérisations du point zéro et de la partie supérieure de l’anthélix.
Dans les années 1920, à Saint-Gildas-des-Bois, les deux filles d'un marin de commerce soulageaient les migraines en martelant le lobule des deux oreilles.
En fait, c'est le Docteur Paul NOGIER (1908-1996), médecin à Lyon qui, le premier, développa véritablement l'Auriculothérapie.
En effet, c’est en 1951, que le Docteur Nogier observait chez plusieurs de ses patients la présence d’une cicatrice sur la partie supérieure de l’oreille. Cette cicatrice était toujours située au même endroit. Les sujets qui en étaient porteurs lui expliquaient qu’il s’agissait d’une cautérisation pratiquée, avec succès, par une certaine Madame Barrin, dans le traitement de la sciatique.
A cette époque, cautériser l’oreille pour soulager une sciatique paraissait assez étrange. Mais conscient du résultat et convaincu qu’il faut respecter même ce qui est inexplicable, le Docteur Nogier accepta ce fait sans le critiquer.
Docteur Paul NOGIER (1908 - 1996)
Alors, il décida d’appliquer la technique sur le prochain malade qui viendrait le consulter pour cette même névralgie. A son grand étonnement, le patient fut aussitôt soulagé. Le résultat était spectaculaire. Il décida de renouveler le traitement, et ce fut avec succès. Pendant longtemps, il chercha, mais en vain, d’autres points de l’oreille qui correspondraient, comme celui de la sciatique, à d’autres régions du corps. Puis un jour, ce fut le déclic. Il se souvient que la sciatique est le problème de la cinquième lombaire. Alors, partant de là, il n’était pas illogique de chercher au niveau de l’oreille une représentation du corps (somatotopie). Poursuivant ses observations, il en conclu que le haut de l’oreille correspondait à la partie inférieure du corps et le bas de l’oreille correspondait à la tête.
C'est lui qui reconnut le premier, dans les reliefs du pavillon de l'oreille, l'image d'un fœtus humain en position intra-utérine et tête en bas. Il créa la première cartographie auriculaire.
Ses travaux furent poursuivis et complétés par plusieurs médecins tels que les Docteurs Henri Jarricot, René-Jacques Bourdiol, René Kovaks, Yves Rouxeville, Bernard Leclerc, etc.
Depuis, l'Auriculothérapie a connu un grand essor. Cette méthode a fait le tour du monde et depuis 1957 les chinois se sont énormément intéressés à elle.
D'autre part, le Docteur Huang Li Chun, doctoresse chinoise, a depuis 1977 abandonné la pratique de la puncture de l'oreille par les aiguilles pour traiter ses patients par micro-massages des points spécifiques du pavillon avec une petite fève. Elle obtiendrait, selon ses dires, autant de résultats qu'avec la puncture.
Un religieux, le Père Augustin, a pratiqué la cautérisation pour la sciatique à Genève jusqu’en 1998. Il a noté que les bons résultats étaient rares chez les gens opérés de hernie discale.
Aujourd’hui.
De nos jours, il existe dans le Maghreb quelques marabouts de grande réputation qui placent des boucles d'oreilles pour soulager leurs malades et obtiennent, dans bien des cas, des résultats remarquables. En Tunisie, à Kairouan, on transperce l’antitragus par un fil d’argent pour traiter les douleurs. A Djerba et dans certaines médersas du Sahel, on scarifie les deux oreilles dans les hépatites, voire dans l’arthrose. Chez les Bédouins du Sud, on cautérise le pavillon dans le cas de lombalgie. Au Maroc, dans l’ictère, on scarifie l’oreille en faisant saigner. Les bijoutiers de l’Etat du Maroc percent le centre du tragus, sur une oreille ou les deux, et posent un fil de cuivre dans les cas de douleurs et de rhumatismes. Ces traditions semblent plus vivaces dans les populations berbères. Toujours au Maroc, on pose un anneau de fer sur le point de l’œil, à l’oreille de l’animal malvoyant.
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